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Bénin: les cinq erreurs de Lionel Zinsou


Bénin: les cinq erreurs de Lionel Zinsou

 

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Le candidat malheureux à l'élection présidentielle et Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou.

 

Battu le 20 mars au second tour de la présidentielle du Bénin, Lionel Zinsou a incarné un espoir de changement, tout en voulant assumer la « continuité ». Son alliance avec le président sortant Boni Yayi, dont il a accepté d’être le Premier ministre en juin, a entravé ses chances, de même que d’autres erreurs de campagne largement débattues au Bénin.



En reconnaissant sa défaite face à Patrice Talon, dès le soir du vote, le 20 mars, Lionel Zinsou a marqué un point auprès de l’opinion et fait baisser la tension provoquée par le suspense électoral. Son score, qui tourne autour de 35 % des voix, tient à plusieurs facteurs, et pas seulement à son métissage ou son ancrage en France.

Arrivée tardive
« Dès le départ, Lionel Zinsou a fait une grave erreur de timing, affirme Boni Marcus Teiga, journaliste béninois, fondateur du site Courrier des Afriques. Il aurait dû s’annoncer bien plus tôt et commencer à travailler sur le plan politique, au lieu d’arriver à la dernière minute en juin au poste de Premier ministre, sans dire avant novembre s’il allait ou non se présenter. »
Lionel Zinsou a certes tenté de corriger son image de grand patron un peu pressé, en portant la tenue traditionnelle et en évoquant son attachement au pays paternel, via la Fondation Zinsou pour les arts, pilotée depuis 2005 par sa fille Marie-Cécile. « Il n’a pas convaincu, selon Marcus Boni Teiga. Une fondation, ce n’est pas un parti ».

Alliance avec le président sortant
Seconde et principale faute stratégique : son alliance avec Boni Yayi, président sortant décrié pour les scandales, intrigues sans fin et chantiers inachevés de son second mandat. En s’affichant comme candidat de la « continuité », Lionel Zinsou a laissé son principal adversaire, Patrice Talon, incarner la « rupture ».
Pourtant, son projet de meilleure gouvernance a intéressé une partie de l’électorat - celle qui voit en Patrice Talon, magnat du coton et ancien allié de Boni Yayi, le pur produit des régimes précédents. « L’arrivée de Lionel Zinsou a créé un électrochoc, note John Igué, ancien ministre de l’Industrie et directeur du Laboratoire d’analyse régionale et d’expertise sociale (Lares). Il n’est pas accepté à Cotonou, car les réseaux mafieux ont peur de son arrivée. On sait qu’il ne va pas s’asseoir dans le système actuel de corruption généralisée, à cause de sa réputation internationale et de son système mental. »

Une campagne distante et ambiguë
Maladroitement lancée à Paris le 18 février, à quelques heures de son ouverture officielle au Bénin, sa campagne a été critiquée jusque chez ses partisans pour son caractère distant. « Lionel Zinsou n’a pas été voir les paysans, qui représentent une bonne partie de l’électorat, et ne s’est pas non plus rendu à Ouidah », note avec regret une Française installée à Cotonou.
Par ailleurs, l’ancien banquier d’affaires a dénoncé « les sommes considérables » échangées durant la campagne comme « une dérive et une perversion », mais n’a pas adopté de ligne claire sur la pratique du « porte-à-porte », qui voit les différents partis passer dans les quartiers la veille du vote pour distribuer sacs de riz et billets de banque (entre 15 et 45 euros par ménage). Il a laissé faire les trois partis sur lesquels ils s’est appuyé, admettant tacitement qu'ils se livrent aux habituelles distributions d'argent. Un porte-parole de Lionel Zinsou s'est même plaint après le premier tour que « le travail de porte-à-porte n’a pas été vraiment fait à Porto-Novo par le parti d’Adrien Houngbédji » – une lacune qu’il se promettait de corriger avant le second tour.
Couacs dans l’organisation

« Pourquoi a-t-il été le dernier à coller des affiches avant le premier tour ? », s’interroge pour sa part un électeur. Réponse du staff de Lionel Zinsou : « Il y a eu un bug au niveau de l’agence ». Voodoo Communication, basée à Abidjan et dirigée par un Béninois, avait à son actif 12 campagnes présidentielles en Afrique, dont 11 victorieuses. Elle n'a cependant pas eu la main sur les relations presse de son client, gérées par sa fille Marie-Cécile, une coach improvisée dont l’omniprésence a fini par agacer les plus proches conseillers de son père.
D'autre part, deux des personnalités les plus controversées du régime de Boni Yayi ont nui à l’image de Lionel Zinsou. Sa campagne a en effet été dirigée par Komi Koutché, un ministre de l’Economie et des finances décrié, et menée par le député Barthélémy Kassa, ex-ministre de l’Energie et de l’eau impliqué en juin dans un scandale de détournement de fonds publics néerlandais.

Erreurs de communication
En arborant un boubou gris foncé – couleur de deuil – et en pointant le doigt sur son adversaire, langage corporel peu apprécié dans le code d’honneur du Bénin, Lionel Zinsou, défenseur du bilan de Boni Yayi, est apparu comme le grand perdant du duel télévisé du 18 mars avec Patrice Talon. Ses attaques personnelles contre son rival, accusé d’avoir des ancêtres « négriers et vendeurs d’esclaves », ont été mal perçues.
« Il est venu avec un complexe de supériorité propre à l’élite française, estime un journaliste béninois, se montrant condescendant au point de traiter le candidat Pascal Irénée Koupaki de "pétainiste” et son programme de “pas intelligent” dans L’Express. Cela n’a pas joué en sa faveur, car on n’est pas en France ! »
Conclusion du politologue béninois Gilles Yabi, directeur du West African Think Tank (Wathi) à Dakar : « Il y a eu des attaques inacceptables sur son métissage, mais aussi des questions légitimes sur la hiérarchie qu'il pourrait établir entre la défense des intérêts de la France et ceux du Bénin. Il lui revenait de répondre de manière convaincante. Il a fini par le faire, en attirant l'attention sur la proximité des autres candidats, notamment Patrice Talon, avec les milieux politiques et économiques français. Mais c'est dans une large mesure la violence du divorce entre Yayi et Talon qui a rendu ce dernier présidentiable... et désormais président. »







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Posted By Abayomi Ismail
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